Le village de Meer célèbre Marta Shmoni le jour de l'Ascension


Le récit de Marta Shmoni dans la Bible

 

Jacques Kas


Tous les ans, le jour de l'Ascension, les assyro-chaldéens originaires du village de Meer (Sud-Est de la Turquie) installés en banlieue parisienne en France fêtent une sainte, Marta Shmoni, comme ils avaient l'habitude de le faire quand ils étaient en Turquie.

Pour ce village catholique, c'était l'une des journées les plus importantes de l'année. La fête commençait le matin quand chaque famille donnait en sacrifice un animal (mouton) pour préparer le déjeuner. Après le repas, la journée était marquée par la prière où l'on demandait à Marta Shmoni sa protection. La journée se finissait dans la joie et la fête : on dansait et on se balançait en hommage au Christ qui est monté au ciel !

Pourquoi ce village fêtait et fête-il encore aujourd'hui plus l'Ascension que les autres villages assyro-chaldéens environnants ? Qui était Marta Shmoni qu'on priait tant? Quelles sont les origines de cette fête ?

On raconte qu'il y a plus de 300 ans, à l'époque où le village comptait à peine 10 familles, un jeune Meeryaya (habitant de Meer) perché sur un arbre, vit une bande de fantômes (djiné, disent nos parents) avancer vers le village avec l'intention de faire du mal aux villageois.

Le jeune homme raconte que sur le chemin qui menait au village, il vit une femme et sept enfants se mettre en travers de la route des fantômes, et leur ordonnèrent de faire demi-tour et de laisser ce village tranquille.
Les fantômes refusant d'obéir à cet ordre, une dispute s'en suivit et un des jeunes hommes tua un des fantômes d'un coup d'épée. Apeurés, les fantômes promirent de ne plus jamais revenir dans ce village si on rendait la vie à leur compagnon tué. Quand la femme eut ressuscité le fantôme, il lui demanda qui elle était : « je suis Shmoni et eux sont mes fils ». Ensuite, elle interrogea le groupe sur ses intentions.

Ils lui répondirent qu'ils planifiaient d'aller dans le village voisin de Piran pour prendre la vie du fils du chef du village (agha). Le jeune homme accourut au village pour raconter à ses amis ce qu'il avait vu. Bien sûr personne ne le cru…jusqu'au lendemain où l'on découvrit mort le fils du Agha de Piran.

 

Qui est Marta Shmoni ? Son histoire est racontée dans le deuxième livre des Maccabées (ancien testament) qui est inclus uniquement au Canon grec et latin et dans l'Apocryphe protestant. On raconte dans ce livre qu'une femme, Shmoni, préféra donner sa vie et celle de ses sept fils plutôt que renier Dieu. Elle et ses fils furent condamnés à mort par le roi Anthiocus.L'histoire est datée d'environ 130 ans avant JC.

 

Depuis cette histoire, les habitants de Meer prient cette sainte pour lui demander de continuer de les protéger. On décida de lui rendre hommage tous les 1er mardis du mois de mai. Il y a plus de 25 ans, le prêtre du village nouvellement arrivé (Kasha Awraha) proposa de fêter Marta Shmoni le jour de l'Ascencion. Une Eglise très difficile d'accès situé dans la montage de Meer (Turd'Meer) porte le nom de cette sainte.

Installés en France, les meeryayés continuent à fêter cette sainte de la même manière: après avoir assisté à la messe dans la nouvelle église Mar Thomas, les assyro-chaldéens du village de Meer, se retrouvent dans une salle où ils prient, dansent et jouent une représentation of the bode la mise à mort par Anthiocus de Marta Shmoni et ses fils. Une seule différence avec la fête telle qu'elle était célébrée en Turquie : de nombreux assyro-chaldéens d'autres villages ont assisté à la fête, pour le plus grand bonheur de tous. Les Meeryayé quittèrent leur village dans les années 1980-1990 à cause des conflits entre les turcs et les kurds .